Rencontre avec Françoise Huguier à bord de Murano
À l’occasion de l’exposition consacrée à la photographie malienne actuellement visible à Quai de la Photo, la photographe, académicienne et grande voyageuse Françoise Huguier, également initiatrice de la Biennale de Bamako, est montée à bord de Murano pour un voyage symbolique sur la Seine. Connue pour ses récits visuels aux confins du monde, elle est revenue sur son rapport intime aux fleuves, à la navigation, à la création et à la mémoire. Cette traversée est devenue un moment privilégié d’échange et de réflexion autour de son univers artistique et de l’importance du voyage dans son approche photographique.
La navigation ou l’idée du fleuve évoque-t-elle pour vous des souvenirs particuliers liés à vos voyages ?
Le premier fleuve qui m’évoque toute une histoire de vie, c’est le Mékong, en 1950 au Cambodge, quand j’étais prisonnière des vietminh à l’âge de 8 ans. Pour arriver au camp dans une forêt vierge, ils nous ont emmenés en pirogue de Kompong-Tiam à Kratié.
Et en 1980, j’ai eu la chance d’avoir un visa pour la Birmanie. J’ai circulé en bateau sur l’Irrawaddy, de Mandalay à Pagan, grand site archéologique bouddhique, avec de nombreux monastères, pagodes et temples. A toutes les escales, assez longues, j’ai pu photographier les petits ports.
Le Mali, tout comme d’autres lieux que vous avez parcourus, est souvent traversé par des fleuves. Cette proximité de l’eau a-t-elle influencé votre manière de voir ou de photographier ?
Au Mali coule le fleuve Niger… Les photos de Malick Sidibé, qu’il a faites sur les baigneurs au bord du Niger, notamment les femmes en maillot de bains et même nues, m’ont donné l’idée de prendre le bateau à Koulikoro qui est le port de Bamako, et d’aller jusqu’à Tombouctou. Ce qui m’a beaucoup inspirée, c’est avant Mopti et toute la région Peul, où les habitants venaient dans l’eau pour nous proposer des fruits et des légumes. J’ai pu ainsi photographier les gens de très près. A Tombouctou, je savais qu’il y avait des hippopotames dans le Niger, alors j’ai pris une pirogue pour aller les photographier. Malheureusement, les hippopotames dans l’eau, on ne voit que deux petites oreilles. Mais par chance, de l’autre côté du fleuve, est passé un troupeau de dromadaires, j’ai mitraillé et le dernier dromadaire est passé juste au moment où le piroguier bozo baissait la tête. Là j’ai appuyé sur le déclencheur. Et cette photo, où tout se passe à gauche, est devenue une photo iconique.
« Le pêcheur bozo, Tombouctou, 1988 ». Couverture de l’ouvrage de Françoise Huguier, « Sur les traces de l’Afrique fantôme » (éd. Maeght, 1990).© Françoise Huguier
Comment envisagez-vous le lien entre déplacement, observation et création dans votre travail ?
Avant de me déplacer, je lis beaucoup — L’Afrique fantôme, sur les traces de Michel Leiris, ou sur la Sibérie polaire pour Kommunalka. Lire, ça me donne des idées. Parfois, sur place, ça ne correspond pas du tout au texte que j’ai lu…
Et ce qui est important pour moi, ce sont les gens, la lumière, les cadrages… Je n’ai jamais été influencée par les autres photographes, mais par les réalisateurs de cinéma, par exemple Tarkovski pour la Sibérie polaire.
Si vous deviez associer un mot ou une image à la Seine aujourd’hui, lequel choisiriez-vous ?
Ce qui me marque quand je suis au Quai de la Photo, ce sont toutes les péniches qui passent. Je pensais qu’il y en avait de moins en moins, alors que chaque fois que je m’assois, que je regarde, j’en vois toujours beaucoup. Cela me fait penser au film L’Atalante de Jean Vigo.
© crédit photo : Marion Briffod
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L’exposition « Un autre Mali dans un autre monde » est à découvrir à Quai de la Photo jusqu’au 1er juin 2025.
Chaque saison, une nouvelle aventure s’écrit sur la Seine. À bord des bateaux de Seine Avenue, ce sont des femmes et des hommes passionnés qui œuvrent chaque jour pour offrir des moments suspendus entre ciel et eau, patrimoine et poésie. Aujourd’hui, je vous invite à découvrir ceux et celles qui font battre le cœur de notre flotte.
À la barre de cette saison 2025, on retrouve une belle complicité entre Yoan et Arthur, tous deux co-directeurs d’exploitation. Ils s’unissent pour garantir une synergie fluide entre les équipes et les opérations.
Du côté des chefs de bord, Balthazar et Rosa incarnent l’élégance et la maîtrise nécessaires pour accueillir les passagers avec professionnalisme et bienveillance, accompagnés de Térence et Claire, matelots attentifs, apportant leur attention au moindre détail.
Nos capitaines Laura, Nils, Arthur (oui, un deuxième !) et Jules prennent les commandes avec une maîtrise sans faille, veillant avec soin au bon déroulement de chaque croisière.
Pour que cette belle mécanique humaine et nautique soit soutenue, Philippe, fondateur de Seine Avenue, continue d’infuser sa vision à l’ensemble du projet. Il est accompagné de Gauthier, notre directeur commercial, dont l’énergie est tournée vers le développement et les partenariats.
En coulisses, Éloïse, chargée de relation client, est votre première voix, votre premier sourire, quand vous nous contactez. Martin, notre administrateur, assure pour sa part la stabilité des opérations internes.
En vous souhaitant une belle saison et de beaux moments à bord de nos bateaux 🌊
Derrière la caméra
Je m’appelle Marion, et si vous voyez passer des photos de cette belle équipe, des instants volés ou posés, c’est probablement moi derrière l’objectif. Mon rôle est d’illustrer le quotidien de ceux qui font vivre de belles expériences sur la Seine. À travers mes images, j’essaie de capturer l’âme de cette aventure humaine et flottante, entre reflets et vérités, entre gestes et sourires.À très vite pour la suite de la saison, sur les flots ou à travers mes images !
© crédit photo : Marion Briffod
Nous avons eu le privilège d’embarquer à bord de Murano l’artiste photographe Franck Desplanques, dont sa série HOMMAGE est actuellement exposée à Quai de la Photo. Cette navigation sur la Seine s’est transformée en un moment d’échange et de réflexion autour de son univers artistique et de l’importance du voyage dans son approche photographique.
Installé à bord, face au paysage mouvant de la capitale, Franck Desplanques nous a plongés dans son parcours et sa vision de la photographie. Il nous a raconté comment chaque déplacement façonne son regard et enrichit sa pratique. Le Murano, amarré à Quai de la Photo – centre culturel dédié à la photographie contemporaine à Paris –, s’est ainsi mué en un espace de dialogue, où l’artiste a partagé la manière dont ses rencontres et ses explorations nourrissent sa création.
À travers son objectif, Franck Desplanques capture la richesse des cultures autochtones à travers le monde. Son travail ne s’inscrit pas dans une simple démarche documentaire : il cherche à transcender les codes traditionnels pour livrer une vision sensible et immersive du quotidien de ces communautés. Loin d’une approche documentaire classique, ses images sont imprégnées d’une poésie visuelle qui restitue avec justesse les liens profonds entre les populations et leur environnement.
Le voyage est au cœur de sa démarche : bien plus qu’un déplacement, il est une rencontre permanente avec des territoires, des visages et des modes de vie. L’artiste ne se contente pas d’observer, il s’imprègne, écoute et comprend. Ses photographies sont le fruit de cette immersion, de cette proximité qu’il tisse avec les habitants et les paysages qu’il traverse. Chaque image devient ainsi un fragment de voyage, une invitation à découvrir des récits et des traditions souvent méconnus.
Dans le cadre de son exposition à Quai de la Photo, Franck Desplanques propose une plongée au cœur de ces univers lointains. Ses compositions, travaillées avec soin, jouent avec la lumière, la matière et les couleurs pour traduire l’essence des instants capturés. Son regard, à la fois attentif et poétique, fait de son travail une véritable odyssée visuelle, entre réel et imaginaire.
Ainsi, cette rencontre sur le Murano a révélé combien le voyage est pour lui bien plus qu’un thème photographique : il est une manière d’être au monde, une ouverture constante à l’altérité. Son exposition est une invitation à voir autrement, à travers la sensibilité d’un regard qui transcende les frontières et révèle la beauté des cultures du monde.
© crédit photo : Marion Briffod
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Profitez des derniers jours de l’exposition pour la découvrir, jusqu’au 28 février 2025.